Avec sa pince hypertrophiée qu’il agite latéralement comme un archer, Uca pugilator est plus connu sous le nom de « crabe violoniste ». Ce cher musicien des mangroves antillaises et d’Amérique centrale porte bien son nom, pouvant générer toute une gamme de sons divers avec le frottement de ses pinces et de ses pattes : c’est la stridulation des crabes.
En réalité, ces particularités sont communes au genre Uca, le nom des espèces variant selon la localisation géographique. Les mâles, seuls à disposer de cet « instrument », organisent de véritables concerts à marée basse pour inviter les femelles à venir pondre dans leur terrier. Mais les sons qu’ils produisent servent également d’avertissements et de menaces lorsqu’un conflit n’est pas loin. Au fond de leur terrier, les sons émis sont plus importants en termes de décibels qu’à la surface : leur terrier joue également un rôle de salle de concert symphonique ! En plus d’être mélomane, le crabe violoniste est sacrément calé en bio-ingénierie : les trous participent à l’oxygénation du sol dans un contexte d’anaérobie (bioturbation), au grand bonheur de la mangrove. Enfin, le fait de se nourrir en partie de propagules joue un rôle dans la zonation des espèces de palétuviers sur l’estran.
Très fort pour un petit animal dénué d’ouïe comme un certain grand musicien de l’époque…