Description géographique
Territoire : Saint Barthélémy
Superficie : environ 20 hectares
Latitude : 17°53’31.36″N
Longitude : 62°49’30.58″O
Connexion au réseau hydrographique : Ce site concentre les écoulements superficiels et est en connexion hydraulique avec les eaux souterraines et l’eau de mer.
La Grande Saline est située dans la partie centrale du sud de l’île de Saint Barthélémy, face à l’anse du même nom. Avant d’être façonnée par la main de l’Homme au 19ème siècle, la Grande Saline était une vaste zone marécageuse.
Faune et Flore
Faune
Qualifié de remarquable pour sa diversité biologique, le site fait l’objet de nombreuses études scientifiques – faunistiques et floristiques.
Cette ancienne exploitation salicole, au dessin encore bien visible, constitue en effet un refuge naturel de qualité pour de nombreuses espèces d’oiseaux, pour certaines rares ou endémiques.
De nombreux limicoles arpentent les berges de la Grande Saline : bécasseaux (B. à échasses, B. minuscule, B. semi-palmé), chevaliers (grand chevalier, chevalier grivelé), pluviers (P. de Wilson, P. de Kildir), échasse d’Amérique…etc
On constate par ailleurs la présence de plusieurs espèces d’oiseaux marins nidifiant sur le site de la Grande Saline. Deux espèces ont été observées pour la première fois en 2008 : le fou à Pieds rouges (Sula sula), et la sterne caugeck (Sterna sandvicensis). Plus communs, le fou brun (Sula leucogaster), le grand paille‐en‐queue (Phaeton aethereus) et la sterne royale (Sterna maxima) sont des habitués des lieux.
Fait intéressant : les populations d’espèces d’oiseaux migrateurs chutent dans la majorité des étangs à l’exception de la Saline. Sur celle-ci on note également une forte croissance de la population de petites sternes (Sternula antillarum).
Flore
Cette étendue d’eau est ceinturée par des mangroves (zones de palétuviers), puis par des formations à tendance xérophytique dans lesquelles on retrouve des espèces végétales rares et protégées comme le cactus tête à l’anglais (Melocactus intortus) et le Gaïac (Guaiacum officinale).
Protections et reconnaissances
Actuellement, la Grande Saline, qui appartient au département, n’est sous aucune protection réglementaire.
Les 5 étangs et salines de Saint Barthélemy (Grand Étang, Saline ou Petit Étang, Saint Jean, Grande Saline, Toiny) font partie des ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) de Guadeloupe de type II (grands ensembles naturels riches, ou peu modifiés, qui offrent des potentialités biologiques importantes).
Enjeux, usages, productions, pressions et gestion
Ancienne zone de saliculture, la Grande Saline n’est plus exploitée depuis les années 70. Fréquentée principalement par les marcheurs et familles, les habitants de l’île tentent de préserver la quiétude de ce site.
La plus grande menace pesant sur cet écosystème reste sa fragilité : en effet, sa régénération dépend de sa communication avec la mer. À l’époque de l’exploitation du sel, une conduite avait été construite pour permettre la mise en eau contrôlée des bassins. Après l’arrêt de l’exploitation, l’essentiel de l’irrigation provenait du ruissellement de l’eau de pluie depuis les mornes environnants. Un apport parfois insuffisant pour combattre l’évaporation. Lors de fortes chaleur, la saline pouvait fortement s’assécher, ce qui avait des répercussions assez néfastes sur la faune et la flore. Heureusement, depuis quelques années, la conduite a été réactivée pour le plus grand bien du marais.
Par ailleurs, la mangrove entourant le site, comme la quasi-totalité des mangroves de Saint-Barthélemy, subit de nombreuses agressions anthropiques comme la coupe, le remblayage et la pollution des eaux.
Histoire
Si aujourd’hui seule la beauté de la Grande Saline fait parler d’elle, pour les anciens, ce site est le témoin d’un passé douloureux.
Début du 19ème siècle, Saint Barthélémy étant alors sous régime suédois, la Grande-Saline n’est qu’un marécage où s’est installée une petite entreprise tentant de survivre grâce à l’exploitation du peu de sel affleurant sur cette zone. Au cours des années qui suivirent, le site fut aménagé pour améliorer le rendement en sel. Tour à tour ce furent les Suédois puis les Français qui prirent possession du lieu et exploitèrent les habitants. Hommes et femmes (en particulier ces dernières) étaient forcés au pénible, irritant et long travail d’arrachage, de transport (ils parcouraient plusieurs kilomètres par jour avec un lourd sac de sel sur la tête) et de séchage de sel. La pile où s’amassait le sel collecté était nommée la Montagne de cristal.
Il faudra attendre 1972 pour que l’exploitation ferme définitivement et cesse de torturer bon nombre d’hommes et de femmes.
L’île se tournera alors vers le tourisme comme principale activité économique.
Découvrir le site
Nichée au creux de deux mornes verdoyants, la Grande Saline est un vaste espace dont l’absence de relief fait le bonheur des promeneurs et des cyclistes. Les amoureux de la nature, en particulier les ornithologues, y trouveront un endroit calme où observer en toute tranquillité la faune locale.
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