Description géographique
Situé sur les communes de Saint-Louis et de l’Étang Salé, l’étang du Gol est un plan d’eau parallèle à la côte. Bordé de zones boisées et de prairies, il est long d’ 1 km pour une surface d’environ quinze hectares. Au nord, il est complété par 2 plans d’eau, couvrant une surface totale de 6 ha, issus de gravières exploitées pour la construction de la route nationale. La superficie totale protégée par le Conservatoire du littoral est de 67 hectares.
Ancienne baie progressivement isolée de la mer par un cordon littoral alluvionnaire, l’étang du Gol est aujourd’hui une lagune littorale saumâtre. Il est alimenté en eau douce par la Ravine du Gol, la Ravine du Maniron, et d’autres petits cours d’eau intermittents. Lorsque le cordon littoral est rompu ou submergé, ce qui arrive par exemple suite à de fortes houles ou de fortes pluies, l’étang communique alors avec l’océan Indien. Sa salinité et sa profondeur sont donc variables et dépendent de la nature et de la quantité des apports en eau douce et eau de mer.
Faune et flore
Les variations de la salinité et du niveau d’eau, de même que les fluctuations de leur rythme d’écoulement, favorisent la diversité des habitats naturels aquatiques et terrestres de l’étang : le plan d’eau, les gravières, la prairie humide, la prairie sèche et la forêt.
L’étang et les gravières présentent une très bonne diversité en termes de poissons et de macro-crustacés, comme par exemple le bichique (Sicyopterus laocephalus, également appelé cabot bouche ronde) et l’anguille marbrée (Anguilla marmorata). Cependant les peuplements sont dominés par des espèces envahissantes comme le le tilapia gueule rouge (Oreochromis sp.) ou encore le managuense (Parachromis managuensis).
Sur l’étang, les plantes envahissantes, laitues (Pistia stratiotes) et jacinthes d’eau (Eichorina crassipes) prennent parfois leurs aises. Les pieds dans l’eau, la massette (Typha domingensis) et l’ombelle (Cyperus involucratus, une cousine du papyrus égyptien) se retrouvent dans les zones de gravières, fréquentées par la demoiselle d’étang (Ceriagrion glabrum), la poule d’eau (Gallinula chloropus pyrrhorrhoa), la grenouille mascarine (Ptychadena mascareniensis) et le crapaud guttural (Bufo gutturalis).
Également les pieds dans l’eau, la prairie humide à riz marron (Setaria geminata) est devenue une formation végétale rare sur l’ile que l’on peut encore observer aux abords de l’étang.
Un peu plus haut, la prairie sèche accueille les bœufs moka, souvent entourés du martin triste (Acridotheres tristis) (espèce envahissante), petit oiseau friand des insectes que les bœufs attirent.
La forêt, installée en bordure de prairie est composée d’essences plantées comme le neem (Melia azedarach) ou l’eucalyptus (Eucalyptus tereticornis) , d’espèces indigènes comme le mahot de bord de mer (Hibiscus tiliaceus) qui affectionne les terrains sableux autour de l’étang, mais aussi d’espèces invasives comme le Baie rose (Schinus terebenthifoliu) ou autres zépinar (Acacia farnesiana).
Sur le cordon littoral, des patates à Durand (Ipomoea pes-caprae) et des patates cochon (Canavalia rosea) sont tolérantes au sel, tandis que des filaos (Casuarina equisetifolia) ont été plantés pour maintenir le sol contre l’érosion.
Au total, ce sont 61 espèces d’oiseaux dont 32 migratrices, qui ont été recensées sur le site de l’étang du Gol. On peut y apercevoir des espèces à forte valeur patrimoniale, comme la poule d’eau (Gallinula chloropus pyrrhorrhoa), l’hirondelle de Bourbon (Phedina borbonica, endémique de la Réunion), le papangue (Circus maillardi), l’oiseau blanc ou oiseau-lunette gris (Zosterops borbonicus borbonicus) et le héron strié (Butorides striata). Le site abrite d’ailleurs une importante zone de reproduction de ce dernier, puisqu’on a pu y compter jusqu’à 120 nids actifs lors d’une même saison.
Protection et gestion
Aspects fonciers
Ce site est protégé par le Conservatoire du Littoral depuis 1985, les ravines Maniron et du Gol sont rattachées au Domaine Public Fluvial.
Status et reconnaissances
L’Etang du Gol est classé Espace Naturel Sensible par le département de La Réunion, ainsi qu’en ZNIEFF de type I et II.
Pressions, enjeux, usages
Espèces envahissantes :
Comme de nombreux espaces naturels de La Réunion, l’étang du Gol est régulièrement envahit par les jacinthes et les laitues d’eau. A certaines périodes de l’année, la totalité de la surface de l’étang et une partie des ravines sont uniformément recouvertes, provoquant des épisodes de mortalité de poissons. Enjeux de gestion majeure, ces envahissantes font l’objet d’une lutte manuelle.
Eaux de ruissellement :
Drainant un bassin versant d’environ 110 km2, la zone humide du Gol est une imbrication complexe d’écosystèmes soumis à de nombreuses menaces et pressions. Elle est désormais « encadrée » par deux zones artisanale et industrielle, une station d’épuration, diverses installations industrielles classées comme la sucrerie, de nombreuses exploitations agricoles et la route nationale qui fait barrage aux écoulements venant de son amont. Pour toutes ces raisons, l’eau de l’étang du Gol n’est plus baignable depuis longtemps. Le site reste néanmoins fréquenté par les pique-niqueurs, les pêcheurs, les promeneurs et les scolaires.
Histoire
La colonisation du Sud de La Réunion débute au début du XVIIIème siècle, avec l’essor de la culture du café. En 1719, la première concession près de l’étang du Gol est accordée à la famille Desforge-Boucher ; en 1747, le fils Desforge-Boucher fait édifier un château au bord de l’étang, en pierre de taille, où la mémoire rapporte que se mêlait « sous ses riches portiques, le goût français au luxe asiatique ». Le château est abandonné au moment de l‘avènement de la culture de la canne. Il n’en subsiste aujourd’hui plus que la prestigieuse allée de cocotiers qui y conduisait.
Les carreaux de canne se multipliant dans la plaine du Gol, l’usine sucrière du Gol fut édifiée par M. De Kerveguen à son emplacement actuel.
Au début du XXième siècle, le plan d‘eau était très fréquenté par les embarcations. On pouvait pêcher dans l’étang : carpes, mulets, cabots, chevrettes, carangaises d’eau douce… On y récoltait également des massettes, ces joncs servant à empailler les « chaises du Gol » dont la renommée s’étendait à toute l’Île. Cette activité perdure encore de nos jours.
Découvrir le site
L’étang, environné de cultures de canne à sucre, offre un bel espace de détente, entre mer et montagne. On y pique-nique et s’y promène dans un cadre agréable.