SITUATION GEOGRAPHIQUE
Moorea (17°30'S 149°50'W) est une île de 133 km2 de la collectivité d’Outre-mer de la Polynésie française. Elle fait partie des îles du Vent dans l'archipel de la Société, dans le Pacifique sud. Située face à Tahiti, son île-sœur, elle présente des vallées luxuriantes entre ses sommets volcaniques. Elle est entourée par une barrière de corail de 61km de longueur ouverte sur l'océan Pacifique en 12 passes, qui délimite un lagon de 5.000 ha. En plus de ce récif barrière, le site du lagon comprend des plages, le récif frangeant, un chenal parallèle à la côte, des zones marécageuses permanentes de faible profondeur d’eau de mer, et de grandes baies, sur tout le pourtour de l’île à des profondeurs inférieures à 70m.
Récif barrière, récif frangeant
Lors de la formation des îles volcaniques en zone intertropicale, des récifs coralliens vont venir coloniser leurs flancs , ce sont des récifs frangeants. La structure volcanique va ensuite s'affaisser sous l'effet de la subsidence thermique du plancher océanique à une échelle de temps géologique, et avec elle les récifs frangeants sur lesquels de nouvelles colonies de corail vont être à l'origine de récifs barrières séparés de l'île volcanique par un chenal, pendant que de nouveaux récifs frangeants apparaissent (Darwin 1842).
On distingue donc ainsi autour des îles volcaniques tropicales et en fonction de leur âge des récifs frangeants bordant la côte :
Et des récifs barrières plus ou moins continus à distance de la côte et qui délimitent les lagons :
Plus d'information sur les récifs coralliens ICI
L’île de Moorea possédant un réseau hydrographique permanent, le bassin versant du lagon est l’ensemble de l’île.
FAUNE ET FLORE
Le récif corallien de Moorea est un des mieux connus au monde et sert d'habitat pour de nombreuses espèces marines menacées comme le corail, les éponges, les mollusques et les crustacés. Il est aussi un lieu de frayère pour bon nombre de poissons. Beaucoup d'oiseaux de mer, tels que le Pétrel de Tahiti (Pseudobulweria rostrata), le Puffin du Pacifique (Puffinus pacificus) et le Puffin de Baillon (Puffinus bailloni) s'y reproduisent régulièrement.
Des baleines comme le grand cachalot (Physeter macrocephalus) viennent périodiquement pour se reproduire et mettre bas dans le lagon. Celui-ci, comme l’ensemble du domaine maritime de la Polynésie française depuis 2012, est également un sanctuaire mondial pour l’ensemble des espèces de requins, dont le requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini) considéré en danger et menacé par la surpêche. Le « shark-feeding » y est ainsi interdit. Des tortues marines (Chelonia mydas et Eretmochelys imbricata) y trouvent elles aussi refuge.
En plus de nombreuses espèces d’algues et de cyanobactéries se trouvant sur les récifs, deux herbiers à phanérogames du genre Halophila ont trouvé refuge dans les baies d’Opunohu et de Cook.
Le palétuvier Rhizophora stylosa introduit dans les années 1930 à Moorea avait colonisé environ 5 % du littoral de l’île en 2014, il ne semble cependant pas représenter pour l'instant de menace réelle pour la biodiversité et pourrait même avoir un effet protecteur.
HISTOIRE
Moorea correspond à un volcan né sous la mer par des fonds de l’ordre de 4.000 mètres. La partie aérienne de l’île est une faible partie du volume total du volcan reposant sur la plaque océanique (moins de 15%). L’âge de Moorea est estimé à 1,9 million d’années. Dans la société traditionnelle, l’espace marin était géré de la même manière que le milieu terrestre : il existait des domaines attribués à chaque famille afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins, et le chef instaurait des périodes de «tabu» (interdiction de pêche) et des périodes de «rahui» (autorisation séquentielle d’exploitation). Aujourd’hui, ce système est utilisé par le Service de la Pêche pour la protection des coquillages et crustacés marins et dulçaquicoles.
ENJEUX ET MENACES
Malgré une forte présence humaine sur l’île, le récif corallien du lagon de Moorea présente un état globalement satisfaisant, en particulier sur sa face ouverte sur l’océan, du fait de l’absence d’influence continentale. Il est donc d’une importance capitale pour la biodiversité de l’ensemble du lagon. De plus, de nombreuses activités humaines sur l'île dépendent des ressources et des services fournis par cet écosystème pour les besoins du tourisme, des loisirs et de la construction. L’écosystème récifal est également une protection pour la plaine littorale et les populations humaines contre la houle et les épisodes catastrophiques (cyclones, tsunamis), ainsi qu’une source alimentaire essentielle. En outre, l’île est une zone de suivi scientifique. Une des principales menaces est l'urbanisation croissante de la zone côtière. A cela s’ajoute un traitement insuffisant des eaux usées déversées dans le lagon. Le récif corallien est également menacé par le changement climatique global.
PROTECTION
Le lagon est un domaine public maritime inaliénable et imprescriptible, propriété de la Polynésie Française ; c’est un site RAMSAR depuis septembre 2008. Le lagon bénéficie d’un plan de gestion des espaces maritimes (PGEM) piloté par la commune de Moorea-Maiao, qui règlemente les activités de pèche et de tourisme. La protection du lagon se concentre essentiellement sur le récif barrière.
DECOUVRIR LE SITE
Destination touristique très prisée, le lagon de Moorea peut être découvert par le biais de différentes activités (pirogue, planche à voile, plongée, randonnée…).