Situation géographique
L’île Europa est la plus importante des îles Éparses avec une superficie d’environ 30 km². Ces dernières correspondent à un chapelet d’îles françaises localisées à l’ouest de l’océan indien, elles-mêmes rattachées au grand ensemble des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Europa se situe dans le sud du canal du Mozambique, entre l’Afrique et Madagascar.
Cette île quasi-circulaire, d’une circonférence de plus de 20 km, est bordée d’un récif frangeant. Un lagon occupe 1/5ème du territoire pour une superficie de presque 900 Ha (MARTEAU, 2012). Cette île n’est pas habitée de façon permanente. Elle accueille temporairement des détachements de militaires et des gendarmes qui se succèdent le temps de leur mission.
Le lagon d’Europa à permis à cette île dépourvue d’eau douce d’être reconnue comme « zone humide d’importance internationale » en 2011, au titre de la convention de Ramsar. Cette zone humide présente sans aucun doute des enjeux de conservation à l’échelle régionale voire mondiale, présentée comme un véritable « oasis » au milieu d’une mer oligotrophe (MARTEAU, 2012).
Faune
Avifaune
Europa se caractérise par une fréquentation importante de l’avifaune, dont certaines espèces sont plus ou moins menacées de disparation à l’échelle globale. C’est un des groupes taxonomiques le mieux connu sur l’île. Il confère à ce territoire des îles Éparses un caractère remarquable de par l’abondance de certaines populations d’oiseaux marins et de limicoles. On distingue les oiseaux nicheurs marins, les oiseaux nicheurs terrestres et les oiseaux migrateurs, de passage sur l’île.
Catégorie |
Nom scientifique |
Nom commun |
Statut de conservation UICN* |
Remarques |
Espèces migratrices présentes à Europa (repos – alimentation) |
Actitis hypoleucos |
chevalier guignette |
LC |
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Anthus cervinus |
pipit à gorge rousse |
LC |
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Anthus trivialis |
pipit des arbres |
LC |
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Arenaria interpres |
tournepierre à collier |
LC |
Abondant |
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Bubulcus ibis |
héron garde-bœuf |
LC |
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Calidris alba |
bécasseau sanderling |
LC |
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Calidris ferruginea |
bécasseau cocorli |
NT |
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Catharacta antarctica |
labbe subantarctique |
LC |
Abondant |
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Charadrius hiaticula |
grand gravelot |
LC |
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Charadrius leschenaultii |
gravelot de Leschenault |
LC |
Abondant |
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Creatophora cinerea |
étourneau caronculé |
LC |
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Cuculus rochii |
coucou malgache |
LC |
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Delichon urbica |
hirondelle de fenêtre |
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Dromas ardeola |
drome ardéole |
LC |
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Egretta alba |
aigrette blanche |
LC |
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Eurystomus glaucurus |
rolle violet |
LC |
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Hirundo abbysinica |
petite hirondelle rayée |
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Hirundo rustica |
hirondelle rustique |
LC |
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Lanius collurio |
pie‐grièche écorcheur |
LC |
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Limosa lapponica |
barge rousse |
NT |
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Merops apiaster |
guêpier d'europe |
LC |
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Motacilla flava |
bergeronnette printanière |
LC |
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Muscicapa striata |
gobemouche gris |
LC |
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Numenius phaeopus |
courlis corlieu |
LC |
Abondant |
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Phoenicopterus ruber |
flamant rose |
LC |
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Pluvialis fulva |
pluvier fauve |
LC |
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Pluvialis squatarola |
pluvier argenté |
LC |
Abondant |
|
Riparia riparia |
hirondelle de rivage |
LC |
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Sterna bengalensis |
sterne voyageuse |
LC |
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Sterna bergii |
sterne huppée |
LC |
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Tringa nebularia |
chevalier aboyeur |
LC |
Abondant |
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Vanellus armatus |
vanneau armé |
LC |
* Echelle mondiale (http://www.iucnredlist.org/) - (d'après Marteau, 2012)
Tortues marines
Europa peut se concevoir aujourd’hui comme un sanctuaire pour les tortues vertes (Chelonia mydas) et les tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata), dans un contexte de fort déclin des populations à l’échelle mondiale. Il s’agit à la fois d’un important site de ponte protégé de toute activité humaine et d’une zone de développement des juvéniles grâce à la mangrove qui apporte refuge et nourriture aux deux espèces. La présence d’herbiers de phanérogames marines contribue également à l’attractivité de l’île.
C’est un site majeur d’importance régionale voire mondiale. Il est d’autant plus stratégique que l’on y retrouve deux métapopulations génétiquement différenciées de tortues vertes : la métapopulation atlantique et la métapopulation indopacifique (BOURJEA, 2005). Europa participe au brassage génétique entre les individus, élément indispensable à la survie d’une espèce.
Requins et poissons récifaux
Différentes missions scientifiques ont recensé jusqu’à 205 espèces de poissons à Europa mais des études complémentaires pourraient faire revoir ce chiffre à la hausse (MARTEAU, 2012). Bon nombre de poissons récifaux fréquentent la mangrove, ce qui est une particularité. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment les poissons papillon (Chaetodontidae), chirurgiens (Acanthuridae) et carangues (Caranguidae). Seules quatre espèces de poissons inféodés à la mangrove ont été recensées : la vieille des palétuviers (Lutjanus argentimaculatus), le poisson-lune argenté (Monodactylus argenteus), Terapon jarbua et Polynemus sp. (MARTEAU, 2012).
On compte également 10 espèces d’élasmobranches - dont 9 espèces de requins et une espèce de raie – au niveau du lagon, de la mangrove et des récifs (MARTEAU, 2012).
Pour certaines d’entre elles, la mangrove est une véritable zone de nourricerie : des juvéniles de requins pointe noire et de requins limon-faucille y sont régulièrement observés. Des groupes de requins pointe noir fréquentent également le lagon (MARTEAU, 2012).
Faune introduite
Deux espèces de mammifères ont été introduites, volontairement pour la chèvre (Capra hircus) et involontairement pour le rat noir (Rattus rattus). Elles subsistent encore aujourd’hui. D’autres espèces de vertébrés ont également été introduites comme des reptiles. Des tentatives d’introduction du lapin de Garenne et de l’âne ont eu lieu à Europa, mais ils ont disparu dans les années 1970 (SOUBEYRAN, 2008).
Flore
La mangrove
Europa compte environ 700 Ha de mangroves composées de quatre espèces de palétuviers : Avicennia marina, Bruguiera gymnorhiza, Ceriops tagal et Rhizophora mucronata (ROUSSEL et al. 2009). Cet écosystème particulier joue un rôle structurant dans la mise en place de la chaîne trophique et d’habitats d’espèces, aussi en bien en termes de nurserie que de lieux de reproduction.
Il s’agit en réalité d’un système de mangroves lagonaires coralliennes essentiellement développées sur l’étage médiolittoral et en situation intertidale (ROUSSEL et al. 2009). La mangrove borde le lagon. Selon l’étude de Vincent Boullet (2008), « on observe également quelques lambeaux de mangroves supralittorales pionnières à avicenne marin (Avicennia marina), ainsi que quelques microtannes sursalés, nus ou associés à des avicennes isolés et bonzaïfiés ». Ces mangroves supralittorales reposent sur des sols soumis à un fort taux d’évaporation, d’où la présence dominante de l’A. marina, capable de résister dans des conditions de salinité élevée.
Forêt sèche à euphorbe arborescente
La forêt sèche à euphorbe arborescente (Euphorbia stenoclada) occupe la partie nord de l’île. Elle se développe principalement sur du karst corallien brut et des systèmes dunaires, soumis à l’influence maritime (MARTEAU, 2012).
Sansouires et steppes salées
Au-delà des limites de répartition spatiale de la mangrove, deux types de formation végétale basse se succèdent selon un gradient hydromorphe salin au niveau de l’étage supralittoral, conditionné en grande partie par la pente (MARTEAU 2012). Les sansouires s’apparentent à des prés salés composées plantes succulentes telles que Halosarcia indica, Salsola littoralis, Sesuvium portulacastrum, Salicornia pachystachya et Suaeda monoica. Elles se reconnaissent à leurs couleurs rougeâtres caractéristiques (MARTEAU, 2012). Dans la partie supérieure, les sansouires laissent place à une formation steppique dominée par l’espèce Sclerodactylon macrostachyum, une graminée rigide (MARTEAU, 2012).
Flore introduite
Plusieurs espèces floristiques ont été introduites au cours des différentes tentatives de colonisation. C’est le cas du sisal (Agave sisalana) qui a fait l’objet d’une plantation essentiellement dans la partie nord de l’île à partir du XXème siècle. D’aspect buissonnant, la plante présente des intérêts pour l’utilisation de ces fibres.
À l’instar du sisal, le choka vert (Furcraea foetida) a été introduit volontairement sur l’île en vue de réaliser des plantations. Ces deux espèces s’adaptent bien aux conditions arides d’Europa. À la fin de leurs cycles biologiques, le sisal et le choka hérissent un mât de plusieurs mètres de haut sur lequel se développent les fleurs (http://ileseparses.cbnm.org).
D’autres espèces exotiques ont été introduites avec certitude comme une cucurbitacée annuelle mais des doutes existent pour plusieurs plantes qui pourraient avoir été introduites avec le fret aérien. C’est le cas de Sida pusilla et Dactylocentrium cf. capitatum, adaptées aux substrats coralliens et aux conditions climatiques. Elles se localiseraient en partie au niveau de la piste d’aviation (SOUBEYRAN, 2008).
Carte géomorphologique
Cartographie des milieux naturels
Les types de zones humides
Les types de zones humides présents à Europa sont toutes marines ou côtières (typologie Ramsar) :
A ‐‐ Eaux marines peu profondes et permanentes : le lagon
B ‐‐ Lits marins aquatiques subtidaux : les herbiers de phanérogames
C ‐‐ Récifs coralliens
D ‐‐ Rivages marins rocheux : les côtes rocheuses et les îlots rocheux dans le lagon
E ‐‐ Rivages de sable fin, grossier ou de galets : les côtes sableuses et les systèmes dunaires
H ‐‐ Marais intertidaux : les steppes salées et les sansouires
I ‐‐ Zones humides boisées intertidales : la mangrove
J ‐‐ Lagunes côtières saumâtres/salées : les lagunes saumâtres à salées reliées à la mer par un réseau karstique
Zk(a) – Système karstique
Protection et gestion des écosystèmes
Protection
En 1975, l’arrêté n° 13/DG/IOI du préfet de la Réunion a classé Europa en réserve naturelle. Il est à préciser que l’appellation de « réserve naturelle » ne correspond pas aux réserves naturelles régies par les articles L. 332‐1 et suivants du Code de l’environnement. Il s’agit là d’une simple appellation. Il constitue un arrêté préfectoral se rapprochant dans ses effets d’un arrêté préfectoral de protection de biotope (MARTEAU, 2012).
L’arrêté préfectoral n° 1989 DG/‐01 du 4 juillet 1983 interdit la destruction ou l’enlèvement des œufs ou des nids, la destruction et la capture des tortues vertes et tortues imbriquées. L’utilisation, la transformation, la naturalisation, le transport ou colportage, la mise en vente ou l’achat de produits transformés de tortues vivantes ou mortes est également interdit (MARTEAU, 2012).
L’arrêté préfectoral n° 257 du 15 février 1994 interdit toute pêche à l’intérieur des eaux territoriales des îles Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India. Ceci se traduit par une protection intégrale de la faune et de la flore marines dans les eaux territoriales, avec tout de même des possibilités de dérogation pour les recherches scientifiques (MARTEAU, 2012).
Europa figure à la liste des sites Ramsar, qui lui confère une visibilité et une responsabilité internationale en faveur de la protection des milieux humides tels que définis par ladite convention. Le site Ramsar contient le « Important Bird Area » (IBA) de « Birdlife International RE012 Europa ».
Gestion des écosystèmes
D’une manière plus ou moins régulière, des missions scientifiques sont réalisées aussi bien en termes de suivi écologique que d’actions d’éradication des espèces invasives. De nombreux programmes ont été conduits ou sont en cours sur l’île, impliquant différents organes scientifiques tels que le laboratoire Ecomar de l’Université de Saint Denis de la Réunion, l’Ifremer, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou encore le Conservatoire botanique national de Mascarin (CBNM).
- Certaines populations d’oiseaux font l’objet d’un suivi scientifique. C’est le cas des sternes, qui font l’objet d’un recensement de leurs nids pour évaluer la dynamique de population et le succès de la reproduction.
- Des actions de luttes contre les espèces invasives sont organisées dans le but d’éradiquer ou d’endiguer le développement du sisal (Agave sisalana) et du choka vert (Furcraea foetida). Actuellement, le projet « PRODVEGEUR » (PRODuction VEGétale sur EURopa) a pour vocation de développer une unité de production végétale autonome en faveur de la restauration des habitats et du renforcement biologique de populations d’espèces végétales patrimoniales de l'île Europa (http://ileseparses.cbnm.org). Certains îlots rocheux situés à l’intérieur du lagon, où nichent des sternes, ont été dératisés avec succès (MARTEAU, 2012).
Pressions, usages et enjeux
Pressions
- Les espèces invasives nuisent à l’équilibre des écosystèmes. Il a été démontré que les rats étaient responsables du très faible succès reproducteur des pailles en queue à brins rouges Phaeton rubricauda en exerçant une pression de prédation directe sur les œufs (SOUBEYRAN, 2008). C’est le cas pour d’autres espèces nichant à même le sol comme les sternes ou dans des les mangroves tel que le crabier blanc Ardeola idea. Des analyses ont montré que les chèvres consomment les branches et les plantules d’euphorbes arborescentes, ce qui perturbe la régénération naturelle de ce milieu et de ce paysage typique d’Europa (SOUBEYRAN, 2008).
- Le changement climatique, qui induit également une augmentation du niveau marin, constitue une menace à moyen et long terme pour le territoire et sa biodiversité.
- Les pressions anthropiques sont négligeables à Europa, compte tenu des types d’activités qui s’y déroulent actuellement (recherche scientifique, détachement militaire). La mangrove n’est pas exploitée, le récif n’est pas pêché, les eaux ne sont polluées par aucun effluent direct (MARTEAU, 2012).
Usages
- Depuis 1973, Europa accueille des détachements de militaires (infanterie, gendarmes) qui se succèdent le temps de leur mission.
- Europa accueille une station météorologique depuis 1949, date qui marque une occupation humaine tout au long de l’année. Une nouvelle station a été installée dans les années 80
- Europa est aux yeux des chercheurs un « laboratoire à ciel ouvert » (MARTEAU, 2012). Il s’agit de pouvoir étudier les impacts du changement climatiques mais également le fonctionnement d’écosystèmes isolés et remarquables.
- En 2017 et 2018, Europa a accueilli plusieurs animations naturalistes dans le cadre des Journées mondiales des zones humides. Ces animations ont été dédiées au personnel militaire et encadrées par les agents de conservation du site Ramsar Europa. D’autres sorties naturalistes ont été organisées ponctuellement lors de la rotation du Marion Dufresne dans les îles Éparses.
Enjeux
- Le territoire présente des enjeux de conservation vis-à-vis de certaines espèces menacées (crabier blanc (Ardeola idea), tortues vertes (Chelonia mydas) et imbriquées (Eretmochelys imbricata), ichtyofaune, cétacés, certains limicoles).
- Les formations végétales de l’île d’Europa représentent également des enjeux de conservation indéniables. Il semblerait que les continuités écologiques littorales qu’on y observe soient devenues rares à l’échelle de l’océan indien occidental, en raison de l’exploitation et de l’artificialisation des zones côtières (MARTEAU, 2012).
- Des enjeux scientifiques existent en raison du fort potentiel écologique et biologique qui reste à découvrir sur l’île. La richesse spécifique observée (à peine 550 espèces recensées à ce jour) est certainement inférieure à la richesse spécifique théorique, comme c’est le cas dans les autres îles Éparses où de plus nombreuses études ont été menées (MARTEAU, 2012). L’île d’Europa est considérée par la communauté scientifique comme un hotspot de biodiversité et comme un laboratoire à ciel ouvert rare pour l’étude de l’évolution naturelle des écosystèmes insulaires et des changements globaux (MARTEAU, 2012).
Histoire
Bien que sûrement découverte avant, c’est en 1774 que le navire britannique Europa localise officiellement l’île. C’est d’ailleurs de là que lui viendra son nom. Mais lors de l’annexion de Madagascar à l’empire colonial français, le territoire deviendra une possession française.
Malgré son caractère isolé et aride, plusieurs tentatives brèves de colonisation ont eu lieu à partir du XIXème siècle. Jusqu’en 1949, date d’une présence humaine continue sur l’île, l’histoire est faite d’une succession d’installations plus ou moins longues. La première arrivée de colons français débutent en 1880. Ils introduisent notamment les chèvres mais décident de quitter l’île inhospitalière. En 1903, un groupe de personne vit de la pêche et du ramassage des œufs d’oiseaux et de tortues (MARTEAU, 2012). En 1910, une communauté de pêcheurs et de chasseurs s’installent à leur tour. On doit à cette période l’introduction de la culture du sisal (Agave sisalana). En 1923, un certain Dr. Poisson accoste sur l’île, sans y rencontrer âmes qui vivent (MARTEAU, 2012).
La construction d’une station météorologique en 1949 (aujourd’hui automatisée) s’accompagne d’une présence humaine à l’année. Les revendications territoriales de la part du gouvernement malgache provoquent l’arrivée de militaires qui se relèvent tout au long de l’année, dans le but d’assurer la souveraineté de la France. Ce système perdure encore aujourd’hui (MARTEAU, 2012).
Aucun vestige des constructions anciennes de l’île n’ont perduré aujourd’hui (fours, séchoirs, citernes, etc.) à l’exception d’un cimetière où sont enterrées plusieurs personnes, dont deux femmes de la colonie de 1910 (MARETAU, 2012).
Découvrir le site
De rares sorties naturalistes sont proposées pour les touristes embarquées à bord du Marion Dufresne, leur permettant de découvrir la faune et la flore d’Europa (MARTEAU, 2012).
Les militaires présents sur l’île ont pu découvrir ou redécouvrir les écosystèmes de zones humides lors des Journées mondiales des zones humides de 2017 et 2018.
Pour aller plus loin
Sources et crédits photographiques
BATTISTINI, R. (1966). La morphologie de l'île Europa. Mission scientifique à l'île Europa. L. R. Paris, Editions du Muséum. 91: 7‐18.
BOURJEA, J. (2005). Projet « Génétique tortue », Évaluation de la variabilité génétique des différentes colonies de tortues vertes (Chelonia mydas) du Sud-ouest de l’océan Indien. Ifremer / CEDTM / Cirad / MOM. 27 p.
MARTEAU, C. (2012). Fiche descriptive sur les zones humides Ramsar (FDR) ; version 2009 – 2012. Secrétariat Ramsar. 41 p.
ROUSSEL, E. et al. (2009). Les mangroves de l'outre-mer français - Ecosystèmes associés aux récifs coralliens [en ligne]. Conservatoire du littoral / IFRECOR. [Consulté en juin 2018]. Disponible à l’adresse : http://ifrecor-doc.fr/items/show/1481.
SOUBEYRAN, Y. (2008). Espèces exotiques envahissantes dans les collectivités françaises d’outre-mer. État des lieux et recommandations. Collection Planète Nature. Comité français del’UICN, Paris, France. 202 p.
Sites internet
Crédits photographiques
©Alexandre Laubin, ©Lucia Simion, ©TAAF, ©Roger Kerjouan (Wikipédia).