Baignées par les eaux de la mer des Caraïbes et de l’océan Atlantique, les îles de Guadeloupe se situent au cœur de l’arc insulaire des petites Antilles, à cheval sur l’arc interne, d’origine volcanique et l’arc externe, d’origine corallienne. Composée de 6 îles habitées et de nombreux îlots sauvages, la Guadeloupe et ses dépendances comptent 1628 km2 de terres émergées. La Guadeloupe dite « continentale » se compose deux îles : la Basse-Terre et la Grande-Terre. Vues du ciel, elles évoquent les ailes d’un papillon. Le détroit de la Rivière salée sépare ces deux îles et connecte les baies du Grand et du Petit Cul-de-sac Marin. Les Saintes, Marie-Galante et la Désirade constituent les dépendances de la Guadeloupe et se situent au sud et à l’est du papillon.
La Grande-Terre
Quelques éléments clés de son histoire géologique permettent de comprendre la répartition et la nature des zones humides que l’on trouve sur cette île. Tout comme la Désirade et Marie Galante, la Grande-Terre est un plateau calcaire d’origine corallienne. Ces anciens plateaux sous-marins se sont soulevés lors des épisodes volcaniques à l’origine de l’émergence de la Basse-Terre. Lors de ces mouvements tectoniques, la Grande-Terre s’est fracturée en certains endroits et a basculé vers l’ouest. Ainsi, le contraste paysager entre les falaises d’Anse Bertrand et les zones marécageuses du Grand Cul-de-sac Marin s’explique en grande partie par l’inclinaison de ce plateau qui surplombe l’Atlantique à l’Est et descend lentement vers la mer à l’Ouest. C’est le long de cette côte occidentale ennoyée, où convergent les cours d’eau et les eaux de ruissellement, que se trouvent les plus grandes étendues de zones humides de l’île que sont les mangroves, les forêts marécageuses et les prairies humides.
Excepté ces plaines littorales, la Grande-Terre est caractérisée par des paysages secs. Néanmoins, les plateaux du Nord Est de la Grande-Terre et la région des Grands Fonds comptent plusieurs centaines de mares et de petites zones humides. Ces milieux sont essentiellement associés à des formations karstiques résultant de l’érosion du sous-sol calcaire. Sur les plateaux, les mares se trouvent le plus souvent au centre de dépressions, appelées dolines, où s’accumulent des terres argileuses. La région des Grands Fonds, située au centre de la Grande-Terre, est caractérisée par une alternance de reliefs escarpés et de vallées étroites façonnées par l’érosion. C’est généralement en fond de vallée, sur les pentes douces où s’accumulent les terres argileuses, que l’on trouve de petites zones humides.
La Basse-Terre
La Basse-Terre est une île montagneuse d’origine volcanique. Au Nord, le relief plus ancien est bas et érodé, tandis qu’au Sud les paysages plus hauts et plus escarpés témoignent d’un relief plus jeune. On observe également une différence Est/Ouest : la chaine des crêtes, qui sépare la côte-au-vent de la côte-sous-le-vent, ne se trouve pas sur la zone médiane de l’île mais est légèrement décalée à l’Ouest. Ainsi, les versants de la côte Ouest sont plus abrupts que ceux de la côte Est. Ces quelques éléments de géographie permettent de comprendre la distribution relativement restreinte des zones humides littorales en Basse-Terre. En effet, la mangrove et la forêt marécageuse sont uniquement présentes sur le littoral Nord et Ouest de l’île. Côté terre, le relief bas et quasiment plat sur le littoral permet un écoulement lent des eaux de surfaces, favorable au développement des forêts marécageuses et des praires humides. Côté mer, le Grand et le petit Cul-de-sac Marin garantissent des eaux calmes, propices au développement de la mangrove.
Baignée par la mer des Caraïbes, la côte-sous-le-vent bénéficie également d’un environnement marin calme. Néanmoins, les zones humides littorales y sont rares : les versants abrupts proches du rivage laissent peu de place aux plaines littorales. A noter cependant les exceptions des plaines littorales de Deshaies et de Vieux Habitant qui abritent des zones humides d’arrière plage.
Dans les terres, le relief montagneux de la Basse-Terre fait parti des paysages emblématiques de l’île. Avec plus de 10 000 mm de précipitation par an sur ses plus hauts sommets, la Basse-Terre est le château d’eau de la Guadeloupe. Depuis les crêtes jusqu’aux fonds des canyons, l’eau a sculpté ce massif montagneux célèbre pour ses rivières, ses cascades et ses sources, invariablement associées à une végétation luxuriante. Les zones humides y sont nombreuses et prennent des formes très variées : lacs, étangs, ripisylves et tourbières en sont quelques exemples.
Les Saintes
Composées de deux îles habitées et de quelques îlots sauvages, les Saintes forment un archipel. Tout comme la Basse-Terre, les Saintes sont d’origine volcanique, mais contrairement à cette dernière, leur relief est trop bas pour accrocher les précipitations venues de la mer. Les Saintes se caractérisent donc par un climat sec. Néanmoins, quelques zones humides y sont présentes, notamment quelques mares sur Terre-de-Haut et Terre-de-Bas, les deux îles principales de l’archipel. On y trouve également une lagune littorale sur Grand îlet, petit îlot inhabité situé au Sud de Terre-de-Haut.
Désirade et Petite-Terre
Tout comme la Grande-Terre et Marie Galante, la Désirade est un plateau calcaire d’origine corallienne. Haut de 276 m, le plateau de la Désirade surplombe de ses coteaux abrupts une plaine littorale étroite. Malgré ce relief marqué, la Désirade est trop basse pour accrocher les nuages venus de la mer. Caractérisée par un climat sec et ventilé, c’est l’île la plus aride de Guadeloupe. Ici les rivières sont peu nombreuses et temporaires. On y trouve néanmoins quelques zones humides : des mares sur le plateau, des sources au pied du relief et une saline au Sud-ouest de l’île, où la plaine littorale est la plus large et où un récif corallien protège le littoral.
Rattachée administrativement à la Désirade, Petite-Terre est composée de deux îles d’origine corallienne : Terre de Haut et Terre de Bas. Quatre salines sont présentes sur la moitié Nord de Terre de Bas, dans zone la plus basse de l’île. Alimentées par les pluies pendant la saison cyclonique et par les vagues lors des tempêtes, deux de ces salines sont permanentes tandis que deux sont temporaires.
Marie-Galante
Tout comme la Grande-Terre et la Désirade, Marie Galante est un plateau calcaire d’origine corallienne. Soulevé, basculé et fracturé par des mouvements tectoniques, notamment pendant l’émergence de la Basse-Terre, le plateau marie-galantais s’élève à 204 m au dessus de la mer. Caractérisée par un climat sec, l’île est néanmoins ponctuée de zones humides tant sur son littoral que sur son plateau.
Le plateau des Hauts de Marie-Galante, situé au centre de l’île, compte plusieurs dizaines de mares. Elles se trouvent le plus souvent au centre de dolines, des dépressions résultant de l’érosion du sous-sol calcaire où s’accumulent des terres argileuses.
L’ensemble de l’île est légèrement basculé vers l’Ouest. C’est donc naturellement que les eaux de ruissellement ont façonné le réseau hydrographique du plateau des Hauts selon le pendage général de l’île. Ainsi, la Rivière Saint-Louis traverse Marie-Galante en s’écoulant du Sud-est au Nord-ouest. Sur le plateau, la rivière a creusé des vallées encaissées, aux pentes abruptes et boisées. En aval, la rivière a déposé des alluvions sur la plaine littorale. Dans cette zone, trois facteurs ont permis le développement d’une vaste zone humide : un relief plat et bas, un substrat alluvionnaire peu perméable et un cordon dunaire qui ralentit l’écoulement vers la mer.
Au Nord du plateau des Hauts s’étend la zone des Bas, où coule la Rivière du Vieux-Fort. Son embouchure, protégée par un cordon sableux, compte également une multitude de zones humides.