La Liste Rouge des espèces menacées requiert des données suffisamment précises sur les espèces à évaluer afin d’obtenir un résultat robuste. C’est dans cette optique que le Pôle-relais zones humides tropicales s’est associé à Sentinelle Lab, spécialiste des espèces d’eau douce de Guadeloupe, afin de poursuivre les efforts d’acquisition de connaissances sur les poissons et crustacés du territoire.
Financé par la DEAL de Guadeloupe, ce projet a permis de :
– centraliser les données existantes sur ces espèces afin de les intégrer à la plateforme régionale de données espèces, ‘Karunati’
– créer des fiches espèces sur les poissons et crustacés de Guadeloupe, avec photos, afin de les intégrer à l’atlas Karunati
– compléter les connaissances via des inventaires réalisés selon les protocoles VigiDNA®(ADN environnemental ou ADNe) réalisés sur 8 sites.
Les protocoles ADNe sont une nouvelle manière de réaliser des inventaires dans les cours d’eau. Des volumes d’eau sont prélevés par pompage et filtrés pendant 30 minutes, puis analysés en laboratoire (SPYGEN) par séquençage ADN et métabarcoding ce qui permet d’afficher l’ensemble des poissons et crustacés présents dans le cours d’eau au moment de l’échantillonnage. La méthode a été jugée satisfaisante pour les poissons et positive pour les crustacés même si quelques améliorations sont à apporter (car les crustacés relarguent moins d’ADN que les poissons), et très intéressante pour (i) réaliser un premier état des lieux ou diagnostic, (ii) des inventaires sur des sites difficiles d’accès ou (iii) pour la recherche d’espèces rares, cryptiques ou complexes à pêcher. C’est donc une bonne alternative ou un bon complément à la méthode traditionnelle de pêche électrique en Guadeloupe.
Les informations collectées auront ainsi plusieurs usages, et permettront :
• de préciser la présence et la localisation des espèces menacées (vulnérables, VU selon la liste rouge de l’UICN, et en danger d’extinction, EN) pour améliorer les actions de conservation les concernant.
• de hiérarchiser les Espèces Exotiques Envahissantes les plus problématiques, afin de mieux cibler les zones et les moyens de lutte à mener. En produisant un état des lieux 2022 de la répartition de ces espèces, il sera de plus possible de suivre ensuite leur éventuelle dispersion dans les milieux naturels.
L’idée est, in fine, d’aider les décideurs et aménageurs à mieux prendre en compte la faune aquatique et ses enjeux dans les actions réglementaires, de conservation ou pour les projets autorisés – que ce soient des espèces menacées à protéger, ou des espèces exotiques envahissantes à contrôler ou éradiquer.
PLUS D’INFORMATIONS
– Rapport final de l’étude (sept 2023)
– Atlas cartographique de la répartition de l’ichtyofaune et de la carcinofaune dulçaquicoles de la Guadeloupe (2005 à 2022)