Les mangroves sont des forêts évoluant entre la terre et la mer et qui sont composées d’arbres adaptés à vivre en bordure de mer où la salinité est élevée et les sols pauvres en oxygène : les palétuviers.
Parmi leurs nombreuses adaptations, certaines espèces de palétuviers développent des racines aériennes afin de capter l’oxygène alors que pour faire face à l’excès de sel, certaines espèces bloquent le passage du sel directement au niveau des racines, tandis que d’autres le rejettent via des glandes spécialisées au niveau de leurs feuilles…
Crédit photo : Laurent Juhel – Autrevue
Pourquoi les mangroves sont essentielles?
Boucliers naturels : Grâce aux racines aériennes des palétuviers qui fixent les sols, les mangroves protègent les côtes de l’érosion, de la houle et des phénomènes cycloniques extrêmes.
Refuges de biodiversité : Les eaux calmes et les apports nutritifs provenant des mangroves favorisent la présence d’une biodiversité importante : poissons, crustacés, oiseaux…
Purificateurs d’eau : Les mangroves purifient l’eau en piégeant les sédiments des eaux provenant des bassins versants, ce qui permet de réduire la turbidité de l’eau et ainsi protéger les récifs coralliens mais aussi de filtrer les quantités excessives de polluants.
Réservoirs de carbone : Les mangroves font partie des forêts qui stockent le plus de carbone, grâce à la matière organique présente dans les feuilles, troncs, branches, et racines des palétuviers mais aussi grâce à la matière organique morte présente dans le sol.
Créatrices d’emplois : Les mangroves génèrent également des emplois pour les populations locales, notamment via le développement de la pêche et du tourisme.
Les mangroves en danger!
De nombreuses menaces pèsent sur les mangroves qu’elles soient d’origine naturelle (cyclones, tempêtes…) ou causées par les activités humaines (urbanisation, déforestation, agriculture/aquaculture, pollution, dérèglement climatique…).
L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), a publié récemment la liste rouge mondiale des mangroves faisant un constat alarmant : 50 % des mangroves évaluées sont menacés dont 19,6 % sont classées à haut risque. L’évaluation a également mis en avant l’impact grandissant du changement climatique par l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation de la fréquence des tempêtes violentes. Selon ce rapport, le changement climatique menacerait ainsi 33 % des écosystèmes de mangrove évalués.
Le Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des Mangroves
En France, les mangroves sont présentes dans des territoires d’outre-mer situés dans les régions des Caraïbes, de l’Amazonie, de l’océan Indien et du Pacifique, faisant de la France le seul pays au monde à posséder des mangroves dans les trois océans !
Le Réseau d’Observation et d’aide à la gestion des mangroves, coordonné par le Pôle-relais Zones Humides Tropicales (PRZHT), lui-même porté par le Comité français de l’UICN, a pour objectif de soutenir tous les efforts de conservation des mangroves des territoires ultramarins français.
A cet effet, le ROM a développé, avec le soutien financier de l’IFRECOR, de la Fondation de la Mer et du ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT),de nombreux outils à l’attention de tous les acteurs œuvrant pour leur préservation :
Application mobile ROM
L’application mobile ROM permet à toute personne intéressée par les mangroves de s’entraîner à reconnaître les différentes espèces de palétuviers et de signaler des perturbations ou des observations d’espèces de faune.
Cartographie nationale des mangroves
La cartographie CARNAMA a permis de calculer en 2023 la surface nationale des mangroves qui totalise 87 945 hectares. Environ 62% des mangroves sont présentes en Guyane et 32% en Nouvelle-Calédonie.
Cartographie des mangroves à travers le temps
Dans le cadre des travaux sur la Liste Rouge des écosystèmes piloté par le Comité français de l’UICN, le ROM a mené une analyse de l’évolution des surfaces des mangroves à travers le temps dans différents territoires (résultats phase 1,phase 2).
Indicateurs surfaciques
Le ROM collecte également des données dans chaque territoire pour renseigner des indicateurs nationaux transmis à l’Observatoire National de la Biodiversité. Ainsi lors de la dernière campagne de 2021-2022, 61% surface des mangroves étaient déclarées protégées et 57% gérées.
Guides techniques
Le ROM favorise les bonnes pratiques et les échanges d’expertise en organisant des formations pour les gestionnaires et en élaborant des guides pratiques pour orienter les actions. C’est ainsi qu’a été élaboré le guide technique sur la restauration des mangroves, qui est le premier guide publié en français et adapté au contexte ultramarin.
Sensibilisation
En plus de ses activités à l’intention des gestionnaires, le ROM sensibilise le grand public, les scolaires et les décideurs politiques à l’importance de préserver les mangroves. Parmi ses outils de sensibilisation phares, le ROM propose des visites virtuelles des mangroves aujourd’hui accessibles à tous sur le site du PRZHT !
Crédit photo : cf-UICN
En cours et à venir…
Zoom sur le suivi de santé des mangroves !
Le ROM est en train de tester un nouveau protocole de suivi, développé par le GIE MAREX et le laboratoire LAGAM (UPMV) dans le cadre de travaux de l’IFRECOR : le protocole MANRAM.
Etant basé sur une méthode d’évaluation rapide, MANRAM se veut un outil simple d’utilisation par l’ensemble des gestionnaires. De nombreux partenaires sont actuellement mobilisés dans chaque territoire afin de tester le protocole et recueillir des données nécessaires à son ajustement dans chacun des territoires. Une fois finalisé, ce protocole sera disponible sur l’application mobile ROM.
Crédit photo : Anne Caillaud, cf-UICN
Zoom sur l’évaluation nationale des mangroves selon les critères de la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN
Le Comité français de l’UICN développe un projet d’évaluation des écosystèmes en France selon les critères de la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN, en partenariat avec l’UAR PatriNat (OFB, MNHN, CNRS, IRD).
Les mangroves font l’objet d’un cycle d’évaluations, initié en 2017 avec les mangroves de Mayotte, et qui se poursuit actuellement avec l’évaluation des mangroves des Antilles françaises (publication prévue en 2025) avec le soutien financier de l’IFRECOR, du MTECT et de la CTM, et le soutien technique du ROM. Ces évaluations sont bâties sur les connaissances et données disponibles, et s’appuient sur des experts indépendants et des structures scientifiques, gestionnaires, ou coordinatrices d’actions en faveur de la protection de la biodiversité.
Les résultats de ces évaluations conduites à l’échelle des territoires où ces écosystèmes sont naturellement présents sont complémentaires de l’approche mondiale de l’UICN. Ils permettent de se rapprocher de l’échelle d’action des acteurs de la biodiversité et de permettre à chaque territoire de connaître son niveau de responsabilité mais aussi les lacunes de connaissances qu’il convient de combler pour établir des stratégies de conservation et de restauration pertinentes et efficaces.
Crédit photo : cf-UICN
À l’occasion de la Journée Internationale des Mangroves, mobilisons-nous ensemble pour leur préservation !
Crédit photo : UICN