Coup de projecteur sur la Réserve Naturelle Nationale de Kaw-Roura !
Fran DE COSTER, garde technicienne
Pourrais tu nous parler de toi et de ton parcours avant ton arrivée à la réserve de Kaw ?
Avant mon arrivée à la réserve j’ai passé plus de 10 ans à parcourir la France et le monde à la recherche de missions diverses dans le secteur de la protection de la nature car j’ai toujours voulu travailler dans ce domaine et j’ai fait des études pour cela. J’ai ainsi eu l’occasion d’étudier les mésanges en Suède, les Roussettes au Burkina Faso, ou encore les Hamsters en Alsace. J’ai également eu la chance de vivre et de travailler un an au Portugal, dans une association similaire à la LPO en France. Même si cela n’a pas toujours été facile car la concurrence est rude dans ce domaine, je n’ai jamais baissé les bras et j’ai toujours poursuivi mon rêve.
Comment (ou pourquoi) es tu arrivé(e) à Kaw ?
Ma première fois en Guyane, c’était en 2009, lorsque je suis venue faire une année de licence professionnelle à l’Université de Cayenne. Je suis tombée amoureuse de ce territoire et de sa biodiversité exceptionnelle. Je suis alors revenue pour mon stage de Master 2, que j’ai effectué dans la réserve naturelle des Nouragues, la plus grande réserve de Guyane. Par la suite j’ai essayé à maintes reprises de trouver un poste ici, sans que cela n’aboutisse. Début 2020, à l’occasion d’une mission sur les tortues imbriquées pour laquelle j’y ai passé deux mois, j’ai trouvé un poste de coordinatrice scientifique dans une réserve aux Seychelles. Malheureusement (ou heureusement), l’arrivée du Covid a bouleversé mes plans, je me suis remise à la recherche d’un autre travail et j’ai fini par obtenir ce poste de garde à la réserve naturelle de Kaw-Roura.
Concrètement, quel est le quotidien d’une garde ?
Tous les gardes n’ont pas forcément les mêmes missions. En ce qui me concerne, je suis en charge du volet scientifique de la réserve, donc concrètement, je m’occupe de mettre en place les études et les suivis qui ont lieu historiquement dans la réserve, et/ou d’en mettre en œuvre des nouveaux. Je rédige aussi les rapports correspondants, je gère les bases de données et j’effectue une veille bibliographique afin de savoir ce qui a été fait ou non dans la réserve, ce qui devrait être fait ou pas, etc… Etant donné qu’il est impossible d’avoir toutes les compétences pour aborder la multitude des problématiques scientifiques de cette immense réserve, une grande partie de mon travail est également de prendre contact avec les différents partenaires (chercheurs, associations naturalistes, bureaux d’études etc…) qui peuvent travailler avec nous et nous aider à la connaître, la gérer et la préserver le mieux possible.
Si tu devais nous présenter Kaw de façon personnelle, avec ton ressenti, ton regard, comment la présenterais tu ?
Cette réserve, par son immensité, sa richesse et la diversité des milieux qu’elle abrite, représente pour moi une formidable opportunité de m’émerveiller, d’assouvir ma passion pour la nature, de m’enrichir, personnellement et professionnellement. Mais elle constitue également un véritable défi car sa grandeur et sa richesse en font justement une réserve extrêmement complexe à gérer et à appréhender dans son ensemble.
Quelles sont tes ambitions dans les années à venir pour Kaw ?
Mon rêve absolu pour la réserve de Kaw-Roura serait qu’elle soit enfin parfaitement intégrée dans son environnement social et culturel, acceptée par tous les habitants, qu’ils soient chasseurs, pêcheurs ou simples visiteurs. Que les mesures de gestion et de préservation mises en place permettent une protection efficace des espèces et des milieux exceptionnels pour lesquels elle a été créée en 1998.
Une anecdote qui t’a marqué à nous partager sur la réserve ?
Lors d’un suivi des populations de caïmans sur l’aval de la rivière de Kaw, j’ai eu l’occasion de voir deux espèces rares et (très) difficiles à observer : un jaguar et une tortue Matamata. On ne croise pas souvent ces espèces et les voir toutes les deux au cours de la même soirée a été un coup de chance extraordinaire, pour lequel j’ai pu, une fois de plus, remercier la Patchamama !
Ronald JOSEPH-FRANCOIS, garde & chef d’équipe
Pourrais tu nous parler de toi et de ton parcours avant ton arrivée à la réserve de Kaw ?
Je suis Rouranais et je travaillais à l’hôpital de Cayenne. Mon affinité avec l’environnement me vient de mon éducation et c’est cela ce qui a fait que je me suis rapproché de la réserve. Mon but était de me reconvertir professionnellement en adéquation à mon projet de vie. Il consiste à vivre dans et avec la forêt de manière durable, et ainsi défendre et valoriser la région qui m’a vu grandir. En plus de mon métier de garde, je développe en parallèle mon projet agricole autour de l’agroforesterie et de l’apiculture.
Comment (ou pourquoi) es tu arrivé(e) à Kaw ?
J’y suis en quelque sorte né, Kaw est le bourg voisin de Roura, d’où je suis originaire. J’ai passé mon enfance le long de la crique Gabrielle, cours d’eau qui sert de limite à la réserve de Kaw-Roura et naturellement, j’y ai beaucoup d’affinités. En ce qui concerne ma motivation à travailler à la réserve, elle me vient d’une forme de ras de bol lié a mon ancien emploi et du besoin de revenir a une vie plus proche de la terre. J’ai pour idée de promouvoir et de défendre le cadre de vie que j’ai pu connaitre plus jeune. Donc en 2018, en fin de formation d’infirmier, j’ai postulé puis obtenu cet emploi de chef d’équipe à la réserve.
Concrètement, quel est le quotidien de chef d’équipe ?
Concrètement, le chef d’équipe a pour fonction d’assurer les missions de garde tout en organisant leur quotidien, et surtout d’être un soutien sur le terrain de la conservatrice. Le maintien de la cohésion de l’équipe est primordial, pour obtenir une réalisation efficace des missions. Il s’agit d’une équipe d’agents aux origines très variées et aux intérêts qui le sont tout autant. Il s’agit la aussi d’un rôle premier du chef d’équipe que d’assurer la bonne motivation du groupe.
Si tu devais nous présenter Kaw de façon personnelle, avec ton ressenti, ton regard, comment la présenterais tu ?
La réserve de Kaw-Roura est pour moi la locomotive d’un bassin de vie qui demande à se mettre en mouvement, j’y vois l’opportunité d’un développement durable qui serait un véritable moyen de valorisation de l’ensemble du territoire guyanais. Et donc un véritable moyen de développement social, scientifique, économique et culturel pour l’ensemble de la Guyane.
Quelles sont tes ambitions dans les années à venir pour Kaw ?
Je rêve que Kaw devienne un sanctuaire de la nature amazonienne qui serait géré et défendu par la population qui y vit. Je rêve d’une réelle collaboration entre les différents intervenants de la réserve en vue de réaliser un plan de gestion et une gestion adaptée a cet environnement.
Une anecdote qui t’a marqué à nous partager sur la réserve ?
L’événement le plus marquant pour moi a été de naviguer de nuit au lac Pali, en canoë, au-dessus d’énormes anguilles électriques (gymnote). Réputé pour la virulence de sa décharge électrique, il s’agit d’un animal qui m’a longtemps effrayé, et le fait de les voir virevolter dans l’eau m’a laissé sans voix.
Envie d’en savoir plus ? Vidéo Outre-mers secrets – FRANCE TV
Disponible jusqu’au 04.06.24
La Guyane est un des territoires français sur lequel se trouvent le plus grand nombre de réserves naturelles. Gros plan sur la la Réserve des marais de Kaw-Roura aux côtés de Ronald, le chef d’équipe des gardes. Cette réserve est l’un des derniers sanctuaires abritant le caïman noir en Amérique du Sud. Elle occupe un territoire très varié qui regroupe de la forêt, de la savane, des marais inondés mais aussi du littoral marin. En compagnie de Gwen, la conservatrice de la réserve, Ronald sillonne les canaux pour observer et inventorier la faune des marais : hoazin huppé, coq de roche ou caïmans que l’on n’observe que de nuit.
Cliquez sur l’image ci-dessous pour visionner le reportage !
Pour suivre les actualités de la réserve de Kaw-roura, faites un tour sur leur Facebook !